Naïla Sea Aryë

Comment es tu ?

Qui suis-je. En voilà une grande question. Sait-on jamais réellement qui nous sommes ? Si je devais me décrire je dirais pour ma part que j’étais une jeune femme pétillante et pleine de vie, aujourd’hui brisée et avide vengeance. Les gens changent, la vie fait que nous changeons et moi j’ai changé. Autrefois, innocente, insouciante, douce, fragile. J’étais une fille ordinaire, banale. Une personne qui aimait les petits plaisirs simples comme marcher pieds nus dans l’herbe fraîche ou respirer le parfum des fleurs de lavandes. Oui j’aimais les petits instants magiques que pouvait offrir ce monde. Mais attention, je les partageais en solitaire. Issue d’une famille de noble, j’avais souvent la tendance à me montrer hautaine, à me croire supérieure, à trouver que personne ne m’arrivait à la cheville. Egoiste ou égocentrique, j’étais sans doute un peu des deux je dois bien l’avouer ! Belle et charmante, je m’amusais à faire tourner les hommes en bourriques en les laissant croire que je leur appartenais avant de filer. J’étais libre comme l’air, j’aimais ma liberté plus que tout.
Aujourd’hui la fille pétillante et pleine de vie que j’étais à disparue. Prenez-moi pour une dépressive, mais c’est actuellement un regard sombre, dénué de tout sourire qu’affiche mon visage. Aujourd’hui c’est la haine qui m’anime, et ce sont plus la joie des plaisirs simples qui me pousse à vivre mais bel et bien mon désir de revanche de vengeance. Froide et manipulatrice tel est mon nouveau masque. Celui que je porte quotidiennement. J’ai du me forger une carapace pour survivre et c’est celle-ci qui j’ai choisi. Très peu de personne me connaissent vraiment à l’heure qu’il est. Rare sont ceux qui ont percé ma forteresses. Je ne m’attache plus, je joue les filles désinvoltes, mais au fond de moi, je bouillonne. Je crève d’envie de me battre, de vendre mon corps pour autre chose que pour le plaisir des hommes. Ma soif de liberté est encore plus forte que par le passé et la flamme de la vengeance me fait tenir. Adieu la Naïla naive et enjouée… Bienvenue à celle qui ne se laisserait plus détruire mais qui détruira à présent sans hésiter.

Ton Histoire

Naïla Sea Aryë. Voilà mon nom complet. Je suis née il y a vingt quatre printemps de cela dans une famille noble de Westphalie. Fille unique, je n’ai jamais manque de rien, bien au contraire. J’ai toujours eu tout ce que je voulais au point où cela m’a rendu égocentrique, égoiste et hautaine. J’étais la parfaite petite noble que vous tous adorez détester. Toute ma vie j’ai reçu une éducation des plus prestigieuses. Vive d’esprit, intelligente et malicieuse, je savais parfaitement tiré mon épingle du jeu pour mettre mes bêtises sur le dos des autres ! Le pire c’est que j’adorais ça. C’est aussi sans doute pour cela que je n’étais guère apprécié et que je retrouvais souvent seule. Non pas que la solitude me dérangeait non bien au contraire je l’appréciais grandement. Je n’avais pas besoin de la compagnie des autres, la nature et les livres étaient les seuls amis dont j’avais réellement besoin.

Les années passèrent lentement et surement me transformant petit à petit en une jeune femme à la silhouette avantageuse qui ne laissait personne de marbre. Je sentais régulièrement les regards d’homme souvent plus âgés que moi s’attarder sur moi, lorsque je me promenais dans les rues de Westphalie. Cela m’a longtemps amusé, je sentais que je plaisais et j’en jouais. Telle une enfant découvrant un nouveau, je découvrais que mon corps pouvait m’apporter tous ce que je voulais : de l’attention, de beaux cadeaux. Je pensais naïvement avoir le contrôle sur mon jeu… Ce qui n’était évidemment pas le cas, je m’en suis rendu compte bien plus tard. Mais revenons à la période de mon adolescence donc. Jolie rousse au tempérament de feu, je fus vite refroidit lorsque j’atteignis mes dix sept ans.
Cette année là, à ma plus grande surprise mes parents m’annoncèrent que j’allais devoir me fiancer à un parfait inconnu. « Un homme fait pour moi » d’après mon père, « un charmant partie » selon ma mère. Un geôlier de mon point de vue. Je réalisais que j’allais me faire emprisonner dans un mariage dont je ne voulais pas. Cet homme je ne le connaissais pas, c’était un parfait inconnu et je ne voulais pas de lui dans ma vie. Peu importait les louanges qu’on lui accordait autour de moi, je savais comme il pouvait être aisé de faire croire des choses, de mentir, de jouer. Malheureusement pour moi… Je ne pouvais rien faire contre ce mariage arrangé. Pendant un temps, j’ai pensé m’enfuir, quitter Westphalie pour Arendelle… Oui mais pour aller où ? Pour devenir quoi ? J’étais parfaitement consciente d’être une enfant pourrie gâtée. Sans l’argent de mes parents je n’étais rien. Alors j’ai renoncé, je me suis faîte une raison. Je devais renoncer à ma liberté pour épouser un homme inconnu et m’enfoncer dans une vie de noble sans intérêt…

Quelques mois plus tard, la date du mariage fut convenue tandis que je n’avais toujours pas rencontré l’homme qui était soit disant destiné à faire mon bonheur. Et c’est à l’occasion de l’annonce officielle de nos fiançailles qu’enfin nos parents respectifs décidèrent d’organiser notre rencontre. Pour cela, il était convenu que ma famille se déplace en la demeure de mes futurs beaux parents… Je regrettais déjà cette idée, persuadée que cette rencontre allait être désastreuse et c’était l’esprit défaitiste que j’étais montée dans la calèche censée nous conduire à destination. La première partie du trajet se passa sans problème si on exclue les conversations mielleuses et enthousiastes de mes parents sur mon futur mari. Je ne les écoutais que d’une oreille n’ayant pas franchement envie d’en savoir plus. Cependant alors que nous approchions de notre destination et que la nuit tombait le pire arriva.
Alors que je me croyais en sécurité le monde bascula dans le chaos. Brusquement notre calèche se stoppa et des cris nets se firent entendre. Sans chercher à comprendre j’ouvris brusquement la porte de la calèche avant de me faire attraper par les jeunes et tirer hors de notre moyen de transport. Deux hommes pénètrent à l’intérieur, dépouillant mes parents de tous leurs biens avant de les faire sortir à leur tour. Toujours maintenue par un colosse, je ne pus rien faire lorsque leurs gorges fut tranchées sous mes yeux. Je me souviens encore de la douleur que j’ai ressentie en ce jour et de la haine qui me maintient en vie depuis… Sur le moment, je n’avais pas compris pourquoi moi, j’étais maintenue en vie alors que visiblement ces brigands n’avaient pas peur de tuer. Je ne le sus que bien plus tard, lors de notre arrivée à Arendul.

Tabassée et entassée dans une charrette en mauvaise état, c’est ainsi que mon voyage se poursuivit. Mais cette fois en direction d’Arendul. Je n’avais jamais mis les pieds là bas et je me doutais que ce qui m’y attendait n’allait pas me ravir. Après trois jours de voyage supplémentaire, nous arrivâmes finalement à destination. Les brigands se séparèrent alors se partageant le butin. Le colosse qui m’avait maintenu pendant que d’autres tuaient mes parents me considéra comme sa récompense. C’est ainsi que je dus le suivre jusqu’à une grande bâtisse au niveau de délabrement avancé. J’avais faim et froid. J’étais terrifié et seule. Tout ce que je voulais c’était un lit pour m’allonger et pleurer en paix. Mais il n’en fut rien. Lorsque j’entendis la discussion entre le colosse et le propriétaire du bâtiment, je compris que j’étais en train d’être vendu. Vendu pour mon corps. Vendu parce que j’étais belle et que je plaisais à n’importe qui. Je comprenais beaucoup plus rapidement que ce que je souhaitais la situation actuelle et lorsque le colosse sortit du bordel d’Arendul sans un regard pour moi je compris que je pouvais dire adieu à tous ce que j’avais jamais connus.

C’est ainsi qu’une toute nouvelle vie a commencé pour moi. Je suis devenue une catin malgré moi. Si je voulais survivre je n’avais pas le choix. J’ai essayé de refuser, de fuir mais chaque fois, je finissais affamée et le corps couvert de bleu. J’ai alors appris à me taire, à observer. A sourire et à charmer, à porter un masque au quotidien. Mais au fond, tout au fond de moi, caché à l’abri de tous, mon envie de vengeance bouillonne. Je rêve de pouvoir planter un poignard dans le cœur de chaque qui use de moi pour assouvir son désir, je rêve de venger mes parents et de redorer leur nom. Oui tout au fond, lentement mais surement, la haine et la vengeance prennent possession de moi. Et je ferais payer les hommes qui m’ont ainsi changé, qui m’ont ainsi transformé. Je leur ferais payer le prix fort, et jamais plus ils ne pourront oublier mon visage. Je les hanterais. Jusqu’à la fin.