Encore une journée de fabrication de jouets en vue pour le petit Andrew. Petit Andrew qui continue d'ailleurs de grandir quoiqu'il puisse en dire. Le soleil brille en cette belle journée sur Arendelle. Voilà bien des jours que notre jeune ami n'a pas ouvert la bouche. A l'approche de l'anniversaire de la mort de ses parents, il est toujours difficile de lui arracher un sourire ou ne serait-ce qu'un mot. Je pense que l'on peux tous comprendre qu'il s'agit toujours d'une période des plus dures pour cet orphelin et pour n'importe quel orphelin du royaume. Quoiqu'il en soit le garçon avait une nouvelle fois décidé de passer sa journée assis devant la petite échoppe familiale qui lui servait de point de vente pour ses petits jouets de bois. Les heures passaient et le jeune homme semblait être totalement imperturbable, les compliments des passants semblaient ne pas arriver jusqu'à ses oreilles et les gargouillis de son ventre ne le détournait pas de son objectif du jour, rien ne semblait le perturber... Rien ? Je n'en suis pas si certain. Relevant la tête le temps d'une petite seconde, le visage du garçon s'illumina, comme s'il avait oublié tous ses soucis, En tournant la tête je remarquais la raison de son sourire jovial. Une jolie jeune femme se trouvait de l'autre côté de la rue. Les cheveux lui tombaient jusqu'aux épaules. Je peux aisément vous dire qu'elle n'est pas d'ici, son visage ne m'était pas familier et ses vêtements ne semblent pas provenir d'ateliers de coutures du royaume. Je retournais mon regard vers Andrew. Il avait laissé ses outils et le bois qu'il était en train de travailler. Notre garçon tout timide avait l'air de connaitre cette belle étrangère ce qui je dois le dire me surprenais. Andrew est connu dans tout Arendelle pour être un bon fabriquant de jouet, mais surtout parce qu'il n'y a surement pas plus spécial que lui. Je restais en retrait pour suivre l'évolution de cette étrange situation.
Andrew fit un petit signe discret de la main dans la direction de la jeune femme. Lui ne semblait pas avoir dans l'esprit de se déplacer, à vrai dire les fois où il quitte son poste en journée se font très rares ces derniers temps, surement dû à la période funeste qui approche jours après jours. Tout ce dont je suis sûr en ce jour, c'est que l'éternel enfant du pays est aujourd'hui bien heureux de voir cette jolie femme débarquer dans la ville, c'est comme si il l'avait attendu depuis des mois et des mois. Après plusieurs secondes resté sans bouger, Andrew fini par se lever et poser son tablier sur son établi, un nouveau sourire apparu sur son visage enfantin.

Un voyage de plus auquel je participais. Cela devenait à present courant que j’accompagne à travers tous le pays des homes qui désiraient ma compagnie. Parfois certains me prenaient à leur service pour venir réchauffer leur lit le soir après une longue journée de travail, d’autre au contraire me choisissaient pour ma culture, ma conversation. Prostituée certes je l’étais, mais je ne restais pas moins une fille de haute naissance qui avait pendant des années été éduquée de façon à pouvoir épouser un riche noble. Je restais donc plus cultivée que la plupart de mes camarades de bordel. Ce qui pouvait avoir ses avantages comme lors de cette excursion à Arendelle. L’homme que j’accompagnais été vieux et ridé, mais au moins il avait eu la décence de me choisir non pas pour mes charmes mais ma conversation. Mon rôle  cette fois se résumait à lui tenir compagnie tout simplement. J’étais donc libre de mes mouvements pendant la journée et le soir venu il me suffisait juste de le rejoindre pour diner. Si tous les hommes qui réclamaient mes services étaient de ce genre là, la vie serait bien plus agréable pour moi.

Le soleil régnait sur Arendelle, ce qui me changeait du temps grisâtre d’Arendul. Je quittais alors l’auberge où nous logions pendant la durée de notre séjour pour aller parcourir les ruelles du village. J’avais rarement eu l’occasion de venir ici et ma curiosité me poussa à laisser mes pas me guider. Vêtue d’une longue robe bleu nuit et d’une cape noir pour me protéger de l’air frais, j’avais laissé ma longue chevelure rousse tomber délicatement sur mes épaules. Je ne connaissais que très peu de personne ici, et il y avait peu de chance pour que je rencontre l’une d’entre elles aujourd’hui. En effet la probabilité pour que je croise Elyan dans la rue me paraissait minime… Observant les personnes qui évoluaient autour de moi, je réalisais que la ville était relativement animée en cette belle journée. Les marchands derrière leurs étales tentaient d’attirer les clients en criant et ventant les mérites de leur produits. Cette ambiance chaleureuse et conviviale me donna le sourire.
Poursuivant ma petite ballade, je finis par m’arrêter au bout milieu de la rue non loin d’un marchant bien particulier. Sur son étale se trouvait des jouets en bois qu’il fabriquait lui-même. Figée face à ce spectacle, je restais un moment sans faire le moindre geste. Cette touffe de cheveux brun, ce visage enfantin, je ne les connaissais que trop bien. Son visage se releva pour se poser sur moi, comme si il avait senti que je l’observais. Aussitôt son visage se fendit en un large sourire comme si il avait attendu toute la journée que je vienne à lui. Sa réaction me fit chaud au cœur, et à mon tour, je sentis un sourire apparaître sur mon pâle visage. M’adressant un petit signe de la main, il semblait sincèrement heureux de me revoir. Andrew était un garçon rêveur et doux qui avait la capacité de vous faire revenir toujours en enfance. Quittant son poste de travail, il se leva, avant d’ôter son tablier.

Il ne m’en fallut pas plus pour me décider à traverser la rue pour le rejoindre. Ma chevelure flottant au vent, je rayonnais presque autant que le soleil. Andrew. J’étais à Arendelle et je n’avais même pas pensé que je pouvais le voir aujourd’hui. La surprise de cette rencontre inattendue rendait mes émotions encore plus intenses. Arrivée de l’autre coté de la rue, je m’immobilisais un instant, réalisant à peine que je me retrouvais face à lui. Puis mes jambes me portèrent sans que je ne m’en rende compte en moins d’une dizaine de seconde, je me retrouvais à la serrer contre moi. Desserrant mon étreinte, je l’observais attentivement, il paraissait avoir grandi et pourtant il gardait toujours ce regard enfantin. Souriant, je finis par réussir à trouver la force de prononcer quelques mots. « Andrew, ca fait tellement longtemps ! Je… Je pensais te voir aujourd’hui. ». C’était dur de savoir quoi dire après tout ce temps. Dur de savoir quoi faire également. Je ne voulais surtout pas le déranger dans son travail et pourtant égoïstement j’espérais qu’il aurait un peu de temps à m’accorder. « Je ne te dérange pas, j’ai vu que tu travaillais je peux revenir plus tard si tu veux » ajoutais je en souriant. Pour une fois que j’étais à Arendelle, il fallait au moins que j’accorde du temps au peu d’ami que j’avais ici !