Now or Never.

Vous être cordialement invité… BLABLABLA. Je tenais entre mes mains l’invitation reçue quelques moins plus tôt qui me conviait à venir célébrer la paix à Arendelle. Le nouveau Elyan, je souriais en lisant son prénom, avait apparemment prévenu de faire venir les habitants de tout le royaume dans son pays afin de montrer à tous que nous pouvions vivre ensemble, dans un monde uni. Bel idéal. Un poil naïf selon moi toutefois. Personne n’arriverait jamais à faire en sorte que tout aille bien dans le meilleur des mondes, il y aurait toujours des personnes pour faire le mal autour d’eux, pour détruire des vies. Je le savais mieux que quiconque, j’avais fait les frais de ces personnes qui incarnait le mal.
Regardant une dernière fois l’invitation que j’avais reçu, je décidais de prendre les choses en main. Le gérant du bordel dans lequel je travaillais avait interdit à toutes les filles de se rendre à ce « stupide bal » comme il l’avait dit mais c’était sans compter sur les clients qui désiraient se promener au bras de belles demoiselles ce soir là. Et il se trouvait que j’avais été choisi par un noble pour me pavaner à ses cotés. Je comptais rapidement lui fausser compagnie mais en attendant, j’allais voyager et être habillée comme une princesse. Et cela n’était pas arrivé depuis si longtemps que je ne comptais pas me priver. Finissant mes valises, je quittais sans un regret le bordel pour rejoindre le cortège dans lequel j’allais voyager.

Deux jours plus tard, j’arrivais enfin à Arendelle. Le grand bal avait lieu le soir même et cela se voyait. Les rues étaient en ébullition, les marchands se pressaient pour apporter leurs produits au château et les femmes couraient pour aller à la recherche de la robe parfaite. Souriant, j’étais finalement plutôt contente d’être ici. Nous fûmes déposés à l’auberge de la ville qui était bondée de monde. Parfait, il ne serait que plus facile de s’éclipser dans ces conditions. Regagnant ma chambre, je décidais de me préparer. Mon client m’avait offert pour l’occasion une robe magnifique. D’une couleur rose poudrée, elle était brodée de fil d’or et de jolies perles. Le masque qui était avec, était quant à lui fin et doré également. Amusée par la situation je pris le temps de me faire la plus belle.
Quelques heures plus tard, une fois le soleil couché, tout le monde s’avança vers l’entrée du château. Au bras de mon client, j’observais le moindre détail de cette ville, de ces richesses mises en avant. Elyan avait fait du bon travail ici. Une fois à l’intérieur de la bâtisse, je faussais rapidement compagnie à l’homme qui m’avait payé pour la nuit. Je savais que je le payerai à un moment donné, mais ne fallait-il pas prendre des risques pour vivre vraiment ?

Mystérieuse derrière mon masque, je parcourais les couloirs du château pour finalement rejoindre la sal de bal. Très peu de monde avait décidé de se mettre à danser pour le moment, bien que quelques aventuriers aient décidé de se risquer à cet exercice périlleux. Une valse débuta alors et je fus prise par le bras par un inconnu, heureusement pour moi j’avais grandi dans une famille noble et je ne fus pas déboussolée par cette activité. Virevoltant de partenaire en partenaire, je finis par arriver dans les bras d’un brun plutôt séduisant. Même derrière son masque je pouvais le reconnaître. Flynn Rider, aujourd’hui connu comme Eugène Fitzmachintruc. Ex voleur, devenu roi de Westphalie. A l’inverse de moi, il avait évolué dans le bon sens… Un sourire amusé naquit sur mon visage. Je connaissais Eugène depuis des années, et même si je m’attendais à le voir ce soir, j’aurai plutôt pensé qu’il serait aux cotés de sa femme. « Flynn Rider, ne devrais tu pas être aux bras de ta femme, plutôt que dans les bras d’une catin ? ».

Now or Never.

Un bal. Très sincèrement, je n'éprouvais aucune excitation à l'idée de m'y rendre. Tout au contraire, j'aurais préféré passer des heures à fuir des gardes royaux plutôt que de me prêter à ce jeu pour jeunes filles en manque d'amour. Rien ne me semblait plus cliché qu'un bal. La danse, en soit, ne me gênait pas, je trouvais même cet exercice assez plaisant, voire drôle, mais tout les artifices tournant autour d'une soirée officielle hérissaient mes poils. Et puis, il fallait bien se l'avouer, cet événement était totalement hypocrite. Nous nous rendions en ami dans un royaume que nous trompions en cachant les personnes traquées par leurs autorités. Certes, Elyan cherchait à calmer les esprits, néanmoins, l'électricité qui perlait dans l'air demeurait perceptible. Le moindre geste, pourtant anodin, pouvait être interprété de travers et déclencher une guerre. Faisant un bien meilleur roi des catastrophes qu'un roi de Westphalie, je ressentais un profond malaise à l'approche de la fameuse soirée. Je pensais même simuler un imprévu pour y échapper, seulement Raiponce tenait à me voir présent. Compte tenu nos dernières disputes, je préférais ne pas la contrarier et me soumettre à sa décision. Je partis donc à ses cotés vers les terres des glaces qui nous étaient voisines.

Une fois arrivés, après avoir répondu aux devoirs diplomatiques résultants de notre condition de souverains nous nous préparâmes pour le grand soir. M'habiller et me coiffer fut rapide, je ne comptais pas y dépenser mon énergie, de toute manière, ma beauté naturelle, mon charme et mon charisme suffisait pour faire chavirer les esprits. Néanmoins, à mon goût, la plus belle personne du bal serait bien évidemment Raiponce, et son apparition vint conforter mes pensées. A l'image d'un ange, elle était aussi belle que le jour de notre mariage. Décidément, la grossesse, alors aucunement visible, lui réussissait. Je lui tendis mon bras, et ensemble, nous regagnâmes la salle de bal. Une heure durant, je la fis tournoyer, résistant à la folle envie de l'embrasser. Bon sang, qu'est-ce que je pouvais l'aimer ! Elle était ce que j'avais de plus cher au monde, plus encore depuis que j'avais appris qu'elle portait notre enfant. Ces derniers mois avaient été particulièrement éprouvants pour notre relation. Doutes, disputes à répétition, j'étais heureux d'avoir retrouver un certain équilibre, nous permettant de goûter à nouveau au bonheur. Cependant, je le sentais déjà, les doutes revenaient au galop dans mon esprit. Comme un cercle vicieux duquel je ne parvenais à m'extirper.
Déposant un baiser sur la joue de Raiponce, je m'échappai pour prendre l'air un instant. Sur le balcon, la nuit déployait son ombre parsemée d'étoiles bienveillantes. Un air glacial se dilatait, recouvrant la peau, peu couverte, qui frissonna à ce contact. Cette vie ne ressemblait pas à la mienne. Je vivais une existence complètement différente de celle que j'avais pu imaginer. Moi le pauvre orphelin, le voleur qui se retrouvait propulsé parmi les grands de ce monde. Bien que cela fasse dix années, je n'arrivais à m'y faire.

Je soufflai avant d'entrer à nouveau dans la salle de bal. A quoi bon se torturer les pensées ? Je me dirigeai alors vers Raiponce lorsqu'une jeune femme attira mon attention. J'aurais reconnu entre milles cette chevelure de feu qui ondulait d'un air désinvolte, presque provocateur. Naïla. Je connaissais la jeune femme depuis longtemps, et j'avais fini par la considérer comme une amie. Bien qu'au départ nos relations soient assez conflictuelles, teintées pour ma part, par une attirance physique que j'avais dû réprimer, nous avions fini par nouer une amitié, solide. J'aimais me confier à Naïla, car je savais qu'elle me comprenait, et puis, sa présence me permettait de m'oublier un instant. Avec elle, je pouvais redevenir Flynn Rider. Avec elle, je pouvais parler en toute confiance. Du moins, c'était ce que je croyais. Il semblait néanmoins que mon amie m'avait trahi en racontant à ma femme mes passages discrets dans la maison close. Une petite discussion s'imposait et je profitai du départ d'une valse pour la saisir et entamer la danse. Un sourire se dessina sur son visage. " Flynn Rider, ne devrais tu pas être aux bras de ta femme, plutôt que dans les bras d’une catin ? " Un rictus traversa mon visage et je souris à mon tour. Naïla n'avait pas tord, Raiponce m'avait reproché ma proximité avec la fille de joie, seulement je continuais de m'avancer vers elle, attiré comme un aimant, bien que mes intentions soient réellement honorables. " Ravie de te voir Naïla. Quant à moi, je pensais plutôt te trouver au bras du client qui t'a amené ici, fis-je en guise de réponse. " A vrai dire, je ne m'attendais pas à la trouver-là, mais somme tout ce n'était pas surprenant. Naïla était une belle femme et beaucoup de riches hommes auraient payé cher pour la balader à leur côté.
Je la fis basculer au rythme de la danse, avant de lui lancer un regard défiant. " Mon épouse me pardonnera cette danse puisqu'elle l'ignorera. " Je marquais une courte pause, ne lui laissant pas le temps de répliquer. " A moins que tu ne cours lui raconter. Tu sais, comme nos rendez-vous dans ton bordel. " Mon entrée en matière était un peu bancale, cependant, je ne désirais pas tourner autour du pot. Je voulais des explications, et je comptais bien les avoir.

Now or Never.

Le bal battait son plein. Les hommes et les femmes de tout le pays s’était donné rendez vous à Arendelle pour honnorer l’invitation d’Elyan et donner l’illusion d’un monde en paix. Les farces de la cours, je les avais longtemps connu un temps, j’avais appris à les repérer. C’était étrangement une des choses qui ne me manquait pas de mon ancienne vie. Les jeux de politique me lassaient bien vite. J’avais d’autres sources d’amusement. Eugène en l’occurrence. J’avais rencontré le jeune homme bien avant qu’il ne prenne ce nouveau prénom, alors qu’il était encore Flynn Rider, le voleur. Bizarrement bien qu’à cette époque, tout nous opposait, nous avions réussi à créer et à entretenir une relation amicale. Teintée par un brin d’ambigüité au départ, chose qui s’était éclipsé lorsqu’il avait épousé Raiponce. La pure, l’innocente, l’ennuyante Raiponce. J’avais en toute honnêteté jamais compris ce qui l’attirait temps chez elle, mais j’avais accepté son choix. J’avais jusqu’ici toujours essayé de le soutenir dans les moments difficiles de son mariage même si parfois j’avais plutôt envie de lui dire de la quitter… Surtout que la petite Raiponce avait tendance à m’agacer sérieusement… C’est pourquoi j’avais foncé sur Flynn lorsque j’avais vu qu’il était seul sur la piste de danse. C’était une occasion de plus, non seulement de faire enrager Raiponce, mais aussi d’avoir une petite discussion avec mon ami.

L’attrapant au vol, je l’entraînais dans une valse. Mon regard pétillait derrière mon masque. La situation m’amusait beaucoup, je devais bien le reconnaître. Pour une soirée, je pouvais retrouver ma vie d’avant, me sentir femme et pas soumise, être moi-même sans que l’on ne me juge. Même si c’était un client qui m’avait conduite jusqu’ici, j’avais l’impression que derrière mon masque je pouvais passer pour autre chose que pour une putain. " Ravie de te voir Naïla. Quant à moi, je pensais plutôt te trouver au bras du client qui t'a amené ici.". Haha prends-toi ça dans la gueule Naïla. Pile au moment où je pensais pouvoir oublier mon statut, il me revenait en pleine figure. Mon sourire s’éclipsa alors. Alors que je me faisais une joie de retrouver Flynn, je commençais à me demander si c’était une bonne idée. Il semblait… différent. Distant, froid… Je n’aurai su le décrire exactement, mais je sentais que quelque chose ne tournait pas rond.
« J’ai préféré lui fausser compagnie, comme tu le sais, je suis loin d’apprécier ma condition actuelle. » répondis je alors froidement. Je n’aurai pas cru que quelque chose puisse cacher ma soirée, mais je ne savais pas vraiment comment prendre la remarque de Flynn. N’en rajoutant pas plus, je laissais la musique nous entourer, virevoltant aux rythmes de ses pas. Je croisais son regard défiant, ce qui m’intrigua. " Mon épouse me pardonnera cette danse puisqu'elle l'ignorera. ". J’aimais ce coté fougueux et dangereux à la fois qu’il dégageait. Eugène avait beau s’être rangé dans une petite vie, il restait en lui une part du Flynn que j’avais toujours connu. Si il cachait des choses à Raiponce, j’en concluais alors que leur couple rencontrait encore des difficultés. Pourtant, je savais que malgré tout, leur histoire continuerait. Flynn aimait cette fille plus que tout à mon grand désespoir. Rien ne pourrait les séparer. Pas même moi. J’enviais franchement sa vie de couple… Ils avaient tous les deux la vie parfaite et ça m’agaçait. Cela me mettait hors de moi, car moi j’étais passé à coté de cette vie parfaite. " A moins que tu ne cours lui raconter. Tu sais, comme nos rendez-vous dans ton bordel. ". Ces paroles me laissèrent un instant sans voix. Mmm, il était en effet possible que je me sois vantée d’avoir passé la nuit en sa compagnie. Cependant, je n’avais jamais explicitement dit ce qu’il s’était passé ou non. J’avais laissé planer le mystère, semant ainsi le doute dans l’esprit torturé de Raiponce.

Laissant un instant le silence s’installer entre nous, je pris le temps de trouver la véritable réponse à sa question. J’avais d’abord fait ça, pour faire enrager Raiponce, mais cela cachait certainement un mal être plus profond. « Je…  Bon d’accord, je te présente mes excuse, je sais que je n’aurais pas du lui dire. ». Les invités tournoyaient autour de nous, pendant que c’était mon esprit à moi qui tournait à plein régime. Plus que tout, je refusais de me mettre à dos l’un des seuls amis que je possédais en ce monde. « Tu le sais surement j’ai une dent contre ta femme. Elle m’insupporte, me demande pas pourquoi c’est comme ça. Elle est arrivée comme une fleur a pris la place de princesse, t’a épousé… Elle a tout.». Je m’arrêtais une seconde ou deux avant de répondre, de lui dire ce qui m’avait vraiment poussé à faire courir certaines rumeurs. « Elle a tout. Tout, absolument tout. Et moi j’ai rien. Ca n’excuse certainement pas ce que j’ai fait ou non, je suis qu’une pauvre fille jalouse voilà tout. ». La musique se stoppa net lorsque ma voix cessa de résonner également. Dans une dernière révérence, j’adressais un faible sourire à Flynn. « C’était une erreur de venir te voir ce soir. Profites du bal. Et de ta femme. », ajoutais-je en lançant un regard à la belle brune. Elle était tout ce que j’aurai pu être, et je la haïssais pour ça.