La neige régnait en maîtresse absolue sur tout le royaume. Comme longtemps auparavant, Arendelle était emprisonnée de cette amante glaciale, figée hors du temps dans l'emprise du froid. Le givre avait pris possession de chaque parcelle laissée pour compte par la neige et le soleil n'existait absolument plus sur le royaume.
Les habitants étaient apeurés, on les entendait murmurer à chaque recoins sombres. La peur était omniprésente, ne souhaitant pas de sitôt déserté le cœur de tout un chacun. Tout d'abord, le retour du froid, comme lors de la malédiction de la reine de jadis. Mais ce n'était pourtant pas le pire... Les Powerful et la traque qui en avait suivit. Voici ce qui terrifiait vraiment la population et minait les morales même les plus avertis.  

Je me détournai de la fenêtre d'un geste brusque, un frisson glissant le long de l'échine. Inspirant profondément, j'essayai de chasser les pensées diverses qui tourbillonnaient en désordre dans mon esprit. En vain. Je n’avais jamais su dompter cette partie de ma personnalité, qui me caractérisait depuis toujours. Mon esprit ne pouvait s'empêcher de tout analyser, de compatir, de solutionner... Bien contre mon gré certaines fois.
Pourtant, je ne serai pas ce que je suis si cet aspect de moi même n'existait pas. Alors, je serai peut être la marionnette idéale que mon père me croit être.
Cette pensée seule suffit à me faire soupirer. Cher père... Qu'êtes vous donc devenu ? Bien qu'imparfait sur certains domaines, l'homme qui m'a élevé n'est plus aujourd'hui.  

Fixant mon regard sur le moment présent et le lieu, je contemplai la salle de trône d'un air pensif. Démontrant la grandeur passée et l'histoire du royaume, l'endroit rayonnait. Je devais convenir de la splendeur qui m'entourait et je me sentais fier en ces lieux.
L'idée de mon statu actuel me sauta au yeux et je ne pus en croire la vérité, encore une fois. Roi, j'étais le roi d'Arendelle. Moi qui n'avait jamais été élevé en destinée du trône, étant le benjamin de la famille, me voici en possession d'un royaume. Il me fallait concéder la joie que m'apportait une telle nouvelle. Mais je ne pouvais cependant pas m'empêcher de m'en attrister, les plans de mon père avait été réalisé avec succès en m'amenant à ce point précis. Il devait jubiler désormais de contrôler deux royaumes. Il pensait toujours tiré les fils et m'avoir sous sa coupe... Et bien que ne voulant pas renier ma famille, je ne pouvais désâmant pas le laisser faire.
Le grincement léger de la porte principal et les pas d'un serviteur me firent cesser un instant le fils de mes pensées. L'homme s'avança jusqu'à moi d'un pas rapide, s'inclina sous mes yeux et me sourit d'un air contrit. «Je vous prie d'excuser mon intrusion votre altesse mais un visiteur désire vous voir ». Je hausse subtilement un sourcil et lui sourit tranquillement. « Je vous en prie Vince, il n'y a pas de mal, qui donc souhaite me voir ?». L'homme devant moi hoche la tête en signe de remerciement avant de me répondre. « Il n'a pas décliner son identité mais il a précisé que cette visite vous intéresserai ». Je hausse de nouveau un sourcil mais lui fait signe de laisser entrer l'inconnu. Après une nouvelle courbette élégante, l'homme sort de la pièce. Jetant rapidement un coup d’œil dans la pièce, j'aperçois quatre membres de ma garde rapprochée, caché dans l'ombre, presque invisible à repérer.

La porte s'ouvre de nouveau et une fine silhouette encapuchonnée s'avance alors d'un pas souple dans ma direction. Sachant qu'elle a dû être fouillée auparavant, je sais que je ne risque rien mais il est étrange de voir une personne masquée en intérieur. Arrivée à ma hauteur, la silhouette s'incline gracieusement alors que je lui réponds d'un signe de tête. Se redressant, deux fines mains s'emparent alors de la capuche pour l'abaisser et révéler son identité. Je me retrouve ainsi nez à nez avec une jeune femme blonde d'une beauté non négligeable. Et subitement, pour la première fois de ma vie, je me sens soudain pris d'une émotion étrange et dépourvu de mots le temps de quelques secondes.  

Me sentir ainsi comme paralysé pendant quelques secondes était dérangeant. Je ne m'étais jamais laissé démonter par qui ou quoi et c'était bien la première fois qu'une telle chose m'arrivait. Je n'avais pas l'habitude de me laisser faire ou dompter par les événements, mon rang de naissance ne m'avait jamais rien pardonné de ce côté là.
Lorsqu'elle sourit d'un air narquois, je reprend le fils de mes pensée, comme si toute la magie du moment s'était brisée, quelque magie qui put être à l'oeuvre à ce moment là. Sa voix est douce et agréable à entendre. Il y a cependant une note fausse dans son discours, son assurance suinte par chaque mot et dénigre quelques peu la première impression chaleureuse qu'on a d'elle. De même que dans sa voix, l'assurance qu'elle dégage de trop ne colle pas avec ses longs cheveux blonds et son visage de poupée. Je fronce les sourcils, un instant irrité par ces pensées.

Lorsqu'elle me tourne autour d'un air réfléchit tout en muselant ses pensées qui s'étale pourtant sur son visage, je le suis des yeux sans un mot, laissant la Demoiselle poursuivre dans sa lancée. Je me demande un instant comme elle a réussit à laisser Vince la faire entrer alors qu'elle ne semble pas particulièrement détenir d'information vitale qui permettent de déranger un roi sans aucunes raisons apparentes. Je ne suis cependant pas un de ces rois. Eh non, pas le digne fils de ton père, bien au contraire ! Et pourtant, au lieu de m'attrister, cette pensée me réconforte. J'ai beau aimer mon père et le respecter, je ne veux pas devenir ce qu'il est actuellement, ni même ce qu'il fut d'ailleurs.
Une remarque de la jeune femme fixe de nouveau mon attention sur elle. Moins grand que ce que l'on dit ? C'est pour cette raison qu'elle est ici devant moi, les rumeurs ? « La grandeur, Dame, n'est pas seulement dans la taille que vous pouvez voir, si je peux me permettre. » Je lui souris, restons donc galant et serviable devant ces beaux yeux !
Sa dernière remarque pétille dans mes yeux. Je dois reconnaître savoir ce que l'ont dit sur mon physique, un avantage non négligeable. Je n'aime cependant pas que l'on me rabâche toujours cette même rengaine, il n'y a pas que le physique qui compte. Et un roi ne se fait certainement pas connaître à la hauteur de sa beauté ! En tous cas, ce n'est pas mon genre. « Permettez moi de vous retourner le compliment, bien que je n'ai pas le plaisir d'avoir entendu rumeurs sur vous auparavant Dame...? ». Je lui tends galamment ma main, en attente de sa réponse.
Il n'y a nul besoin de rester dans la salle du trône pour notre échange. Rappelant Vince, je lui demande de nous préparer le petit salon et commence d'un pas leste à m'y conduire, la main douce de la jeune blonde au creux de la mienne.
 

Le contact de sa main dans la mienne me brûle la peau. C'est comme une décharge électrique qui parcoure mon corps à la sensation de ses doigts. Je me demande vaguement si elle ressent la même chose. Cette électricité m'empêche presque de pensée, tout mon être est tendu vers ce sentiment. Lorsqu'elle me regarde, la couleur de ses yeux me transperce et je me sens soudain acculé, pris au piège, incapable de la moindre réaction. Je fronce les sourcils. Ressaisis toi Elyan ! Ne laisse pas cette femme t’ensorceler, tu ne sais même pas ce qu'elle veut de toi. Tu es un Roi maintenant, bouge toi ! MA conscience s'époumone dans la brume de mes pensées, essayant de percer l'immobilité qu'i m'a prit. En vain. Et puis soudain, une autre pensée traverse mon esprit Warroy, ce simple nom de famille suffit à me faire reprendre pied à la réalité. Je porte le nom de l'ennemi et bien que n'étant pas de son côté, beaucoup de monde veut ma tête accrochée sur un piquet. Cette femme en fait peut être partie, aussi douce et belle parait elle. Cette idée me rend morose et je me ressaisi.

Son sourire éclatant me fait basculer et mon cœur rate un battement. Je ris à sa remarque sur les rumeurs mais ne répond pas.
« En vérité, je ne suis pas là simplement pour confirmer ou non de quelconque rumeur... Disons que... J'avais un...Un but plus ou moins précis. » Cette remarque me glace soudain alors que nous marchons dans le couloir. Ainsi donc, ma conscience a t'elle raison ? Ne suis donc qu'un nom à faire tomber, un homme à abattre ?
Je suis remplis d'effroi mais ne lui laisse rien paraître. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et certainement pas la dernière. Une fois encore, je maudis mon nom et la famille qui m'a élevé. Je ne suis pas mon père ! Ais je envie de hurler. Mais je me tais. La jeune femme se raidit quelque peu à mon bras devant mon silence.
Nous arrivons bientôt devant une porte en bois dure, dépourvue d'ornement. Jetant un coup d’œil sur Dame Scalis, j'ouvre alors que ses yeux se plissent à mon côté. Elle se méfie, c'est évident.

Le petit salon est accueillant et chaleureux. Un feu brûle dans l'âtre et réchauffe agréablement la pièce. Deux fauteuils confortable lui font face ainsi qu'une petite table remplie de victuailles et de boisson. Je lâche sa main à l'entrée pour m'aventurer dans la pièce. En m'approchant des fauteuils, je me retourne avec un doux sourire, cachant ma tristesse. Je sais cependant que le sourire ne m'atteint pas les yeux et j’espère qu'elle ne le remarquera pas. « J'ai pensé que vous aimeriez vous réchauffez, votre tenue ne correspond pas trop à la nouvelle météo d'Arendelle. » Je marque une légère pause, ne la quittant pas des yeux mais essayant aussi de ne pas trop la dévorer du regard. « Je nous ai également fait préparer quelques amuses-bouches, si vous avez faim. » Je l'invite d'un geste à me rejoindre et m'installe dans un des fauteuils.
J'essai de ne pas trop la regarder mais sa beauté me renverse. D'une simplicité extatique, je n'ai que peu rencontrer de femme comme elle auparavant. Tentant de dissimuler ma détresse et ne voulant pas rouvrir le sujet, je me force tout de même à aborder de nouveau sa remarque curieuse. Il faut que je sache, j'ai besoin de savoir. « Ainsi donc, pourquoi êtes vous venue me voir ? Dans quel but plus ou moins précis ?» Je reprend ses mots en ne la lâchant pas des yeux, notant chacune de ses réactions à ma question. « Désirez vous voir ma tête sur une pique ? Ou peut être est ce vous même qui allez l'y mettre ? ». Je ne peux m'empêcher de laisse filtrer ma tristesse et ma colère dans ces dernières questions. J'aimerai ne pas être de ma famille, j'aimerai qu'on ne me juge pas sans me connaitre, juste parce que je porte le mauvais nom.  
 

Quand je vois ses yeux s'agrandirent et la lueur qui perce derrière ses pupilles, la peur me prends. Une terreur soudaine et incompréhensible me tiraille du fond de mon être et tout au long de mon corps. C'est quoi ça ? Qu'est ce qui m'arrive ? Et son expression prend un air de déception. Elle prend ensuite la parole, laissant elle aussi la colère perçait derrière son beau visage.
Je veux lui répondre, lui dire ce que je pense. Laissez moi parler ! Attendez, je peux vous expliquer ! J'ai envie de hurler. J'ouvre la bouche mais elle ne me laisse pas le temps. Elle continue, lancée sur un discours plein de rancœur et de déception mêlée. Je reste ébahis devant sa colère, c'est véhément ! Lorsque les larmes perlent à ses yeux, j'aimerai la toucher, la protéger, la réconforter. Je vous protégerez de tout Dame. Mais je ne bouge pas, je n'amorce pas un geste. Je suis immobile, totalement pétrifié devant sa haine puis son désespoir. Quand son regard quitte le mien, j'ai envie d'attraper son menton pour voir de nouveau ses yeux. Et elle recule alors. Elle m'annonce qu'elle me quitte. Elle se retourne, se détourne de moi. Non ! C'est le coup de grâce. Mon cœur se brise, s'éparpille en milliers de morceaux coupant qui me font suffoquer et menacent de percer à travers ma peau.

Elle avance de quelques pas vers la porte.
Non, non, non ! Un besoin urgent s'empare de moi, une envie irrépressible. Un coup électrique me ramène à mes sensations, m'incite à bouger. Ma conscience me hurle de réagir, tout mon corps se tends vers cette jeune femme dont je ne connais même pas le prénom mais que je ne supporte pas de voir partir.
J'enjambe d'un bon la distance qu'elle a déjà mit entre nous. Lui attrapant le bras, je le retourne vers moi. Mes yeux s'accrochent aux siens quelques secondes. Et tout à coup, mes lèvres sont sur les siennes. Je n'ai même pas eu le temps d'envisager ce mouvement, je ne suis même pas certain d'en être l'auteur. Le résultat est là. Ma main gauche trouve tout naturellement place sur ses reins tandis que la droite lui maintient la nuque. Toute rationalité me déserte.
C'est alors comme si le puzzle de ma vie venait alors de se mettre en place. Mon sang s'embrase, je presse plus passionnément mes lèvres contre les siennes. Mon baiser se fait ardent, pressant. Un besoin impérial se fait sentir dans tout mon corps. Je frissonne. Mon pouls s'emballe et l'adrénaline me prend tout entier. Une vague déferle sur moi, m'emportant dans sa violence, me perdant dans son ardeur.
Je me détache difficilement de ses lèvres, colle mon front au sien. Ma respiration est saccadé, je ne laisse que quelques centimètres de distances entre nos bouches. « Elyan... Je m'appelle Elyan. » Je ne peux me résoudre à m'écarter plus d'elle, de ses lèvres, de son corps. J'ai peur qu'alors, elle m'échappe, me repousse, s'en aille de nouveau, me fuyant.

Je l'entends soupirer et l’inquiétude me gagne à nouveau l'espace de quelques instants. Je ne vois pas son visage, mon front est toujours collé au sien et les battements frénétiques de mon cœur ne se calme pas. C'est une passion soudaine et dévorante qui emplit mon corps et le feu coule dans mes veines, irradiant chaque centimètres de mon être en quelques secondes. Sa voix est douce quand elle parle, elle butte sur les mots, semble chercher son souffle. Quelque chose s'allume à l’intérieur de moi et un lueur de triomphe passe derrière mes paupières. Je ne suis pas le seul à être dans tous mes états, elle semble elle même encore dans l'enivrement du baiser précédent. Elle aime mon prénom ! Cette remarque, pourtant futile, simple et sans grand intérêt me fait de nouveau bondir de joie. Je devrai m'affoler de ces réactions plus qu'étonnantes, je deviens fou. Un rien de sa part m'emplit tout entier et me bouleverse.
Mon corps se détend à ses paroles. Je comprends, je sais tout à coup qu'elle ne va pas s'échapper. La certitude me gagne. Elle ne va pas partir. Elle ne va pas me fuir. Un sentiment de bienséance m'envahit et je me sens comme... Apaisé. Rien ne va dans ce monde, tout part dans tous les sens. Mon père menace les royaumes, la guerre est sur le point d'éclater... Et pourtant, ainsi relié à cette jeune femme, je ne peux m’inquiéter du reste du monde. Une bulle nous entoure et je ne peux qu'apprécier d'être ainsi collé contre elle.

Je desserre mon emprise sur elle, je lui rends la liberté que je ne voulais pas qu'elle utilise pour fuir. Cependant, je ne peux pas m'éloigner totalement d'elle. J'ai besoin de sa présence, un besoin impérieux et inédit. Je garde ses doigts dans les miens, je garde son contact contre ma peau.
Sa réponse à mon interrogation muette me fait sourire. Elle est aussi mélangée que moi, dans tous ses états. Ses mots bloquent et sa voix chevrote, les émotions se lisent encore clairement sur son visage et dans sa voix. Elle m'attendrie, ainsi soudainement timide devant moi. Sa belle assurance semble endormie et elle me montre un visage doux, innocent. Je lève doucement ma main libre et vient caresser sa joue, tendrement, lentement. Sa peau s'éveille à mon contact et une rougeur lui monte sous mes yeux brillant. Car, j'en suis sûr, mes yeux brillent en ce moment. Je le sens dans les fibres de ce que je suis, dans la bataille de sentiments qui se livrent en moi. Je laisse glisser mes doigts sur sa peau de satin et lui effleure le contour de ses lèvres si roses, si tentantes. Je mord les miennes d'un geste brusque pour refréner mon ardeur. « Je ne sais pas non plus encore ton prénom. »  Je parle doucement mais ma voix est maîtrisé, ferme, assurée. La politesse n'existe plus, la barrière du "vous" d’éloignement s'est brisée. Nos phrases nous ont rapprochés indubitablement, sans chercher à l'expliquer ou à réfléchir. Les quelques secondes passées ont tout changer et nous ne sommes maintenant plus des étrangers.